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Projet Maroni – Inventaire du vivant – Avec Vincent Prié

16 mars 2022

« Les fleuves sont des personnages » déclarait l’académicien Erik Orsenna. Le personnage dont Vincent Prié a fait la rencontre n’est autre que le fleuve Maroni. Long de 600 kilomètres, le Maroni traverse la Guyane et le Surinam. Désormais, c’est aussi un élément fragilisé comme tant d’autres par les diverses pressions anthropiques qu’il subit. Afin de mieux le connaître, Vincent Prié part à l’aventure avec une équipe de scientifiques, qui comme lui, se dédient à mener un inventaire de sa biodiversité

En se basant sur un premier inventaire mené en 2017, Vincent Prié et ses collègues entreprennent de produire une photographie intégrale de la biodiversité du fleuve. Cette expédition s’inscrit dans le cadre du programme Vigilife – Fleuves sentinelles, un ambitieux programme d’inventaires de la biodiversité à l’échelle mondiale. Première expédition de ce programme, elle a pris place du 8 au 30 novembre 2021, et depuis, l’équipe travaille à l’analyse des résultats et à la préparation des prochaines explorations. Cette meilleure connaissance du milieu marque le premier pas vers sa conservation. De plus, l’analyse régulière de l’eau permet d’évaluer de la biodiversité.

Ce projet d’ampleur est également un projet d’aventure ! En effet, pour toute la durée de l’expédition, les quatre scientifiques accompagnés de leurs deux guides amérindiens ont vécu en autonomie complète, en établissant chaque soir leur campement en forêt au gré de leur progression. Pour se déplacer, ils montaient à bord de leurs pirogues avec les 1 500 kg de matériel nécessaires aux prélèvements ainsi qu’à la saisie d’image. Et pour s’alimenter ? Le menu se base sur la nature qui entoure nos explorateurs. Quel meilleur emblème de la vie en zone tropicale qu’un dîner à base de piranha ?

Origine du projet

La biodiversité des eaux douces décline à un rythme alarmant, deux fois plus vite que celle des autres écosystèmes. Le suivi de la biodiversité des grandes rivières est particulièrement difficile avec les méthodes traditionnelles, car les organismes sont souvent difficilement observables ou capturables. C’est pour cette raison que Vincent Prié se tourne vers une méthode particulière. Il s’agit de l’analyse de l’ADN environnemental (ADNe).

Qu’est-ce que l’ADNe ?

Une chose est commune à l’ensemble du vivant : toutes les espèces relâchent des cellules dans leur environnement. Grâce à des méthodes innovantes, il est possible de prélever et d’identifier l’ADN présent dans un environnement donné, et d’ainsi déterminer les organismes qui l’occupent. Cette technique s’est avérée extrêmement efficace dans ce contexte puisqu’elle permet d’inventorier l’ensemble du vivant à partir d’un simple prélèvement d’eau et donc sans recourir à la capture des organismes. Ainsi, le milieu naturel n’est pas perturbé par la recherche !

La "police scientifique de l'environnement" grâce à l'ADN environnemental. Tous les organismes vivant relâchent des cellules dans l'environnement. Les nouvelles technologies permettent aujourd'hui de détecter et de lire les fragments d'ADN présents dans l'environnement. En comparant cet ADN environnemental à des bases de référence, on peut inventorier l'ensemble du vivant à partir d'échantillons de terre ou d'eau.

L’équipe

Vincent Prié se passionne pour l’exploration de la biodiversité depuis plus de vingt ans. Après avoir été guide en Afrique australe, il est devenu consultant naturaliste. En parallèle, il mène des études de biologie (thèse de doctorat du Muséum national d’Histoire naturelle obtenue en 2013). Toujours curieux de nouvelles aventures, il participe à diverses expéditions naturalistes dans le monde. Entre 2006 et 2020, il a notamment pris part à l’exploration de Santo aux Vanuatus, du massif du Makay à Madagascar, de la faune aquatique de plusieurs pays africain, Maroc, Guinée Bissau, Côte d’Ivoire, Gabon, Namibie… Depuis 2015, il s’intéresse particulièrement aux analyses de l’ADN environnemental, qui permettent de révéler la biodiversité à partir de prélèvements d’eau. Il a intégré le laboratoire SPYGEN en 2021 où il participe à la R&D et développe les analyses d’ADN environnemental à l’international. Aujourd’hui c’est sur les fleuves que son âme d’explorateur scientifique l’a conduit. Grâce à cette dotation, vous pouvez désormais embarquer aux côtés de Vincent, à bord d’une pirogue sur le Maroni !

Les autres membres de l’expédition

Sébastien Brosse est chercheur à l’Université de Toulouse, spécialiste des poissons et de la Guyane française, où il effectue ses recherches depuis une vingtaine d’années. Auteur de nombreuses publications scientifiques, il est aussi à l’aise en forêt que derrière l’ordinateur, à l’aide d’une machette ou d’une canne à pêche.

Grégory Quartarollo est spécialiste des poissons au laboratoire Hydreco, entreprise partenaire de la mission. Il a réalisé des pêches nocturnes presque tous les soirs et identifié des centaines de petits poissons, dont certains semblent ne correspondre à aucune espèce décrite.

Rita Russo est responsable Antilles-Guyane pour le groupe Alkios, un écosystème d’entreprises au service du vivant, où elle intervient sur les thématiques d’environnement, de développement durable et d’éco-conception. Elle a participé à la première partie de la mission pour se former aux prélèvements d’ADN environnemental. On la voit ici réalisant les analyses physico-chimiques du Maroni.

Manuel Lopes-Lima est chercheur au laboratoire CIBIO où il étudie les bivalves et se spécialise sur l’ADN environnemental. Lors de la mission, il a réalisé de nombreux prélèvements en vue d’analyses génétiques.

Mathieu Rhoné est responsable du service Connaissance et Suivi de la Ressource en Eau à l’Office de l’Eau de Guyane, l’un des principaux partenaires de l’expédition. Fort de 12 années d’expérience sur le milieux aquatiques tropicaux,  il est l’auteur des images drone de la mission.

Nos partenaires

Les principaux partenaires de la mission sont l’Office de l’Eau de la Guyane, l’entreprise SPYGEN, l’association Beauval Nature et les laboratoires de recherche EDBUniversité de Toulouse et WSLInstitut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage. Nous remercions également le Parc Amazonien de Guyane pour son soutien.

Enfin, nous remercions Michel Aloïke, chef coutumier des Wayana, sans qui nous n’aurions jamais pu remonter le Maroni.

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