Dans son émission « La France Bouge« , Elisabeth Assayag invite des entrepreneurs à présenter leur projet innovant face à un jury composé de Nathalie Carré (CCI France), et d’un « patron du jour ». Experts de l’entreprenariat et dirigeants d’entreprise expérimentés vont donc évaluer un projet, et challenger celui qui le porte. Le 22 février, c’est Sorewards qui se prêtait à l’exercice, représentée par son cofondateur, Tancrède du Réau. Il est accueilli par Carole Ferry, Nathalie Carré, et Philippe Brassac (Directeur Général du groupe Crédit Agricole).
Carole Ferry : Chaque jour ils ou elles tentent de vous convaincre. Pour cela ils défendent leur dossier devant Nathalie Carré qui va encore aujourd’hui juger les qualités, les défauts de ce projet devant l’œil attentif également de notre témoin du jour, le directeur général du Crédit Agricole Philippe Brassac. Aujourd’hui sur l’estrade Tancrède du Réau ! Vous avez 45 ans, vous êtes installé à Nantes, vous avez longtemps vécu à la campagne, votre mère travaillait pour l’UNICEF : des jalons qui vous ont sensibilisé au développement durable et à la solidarité. Et puis en 2018 vous lancez avec votre frère Sorewards, c’est une carte cadeau universelle et solidaire. Alors il s’agit de quoi ? Vous avez 1 minute pour nous l’expliquer c’est à vous !
Tancrède du Réau : C’est une carte cadeau effectivement universelle et solidaire pour les entreprises et les comités d’entreprise. C’est une carte cadeau 100% dématérialisée, zéro plastique, zéro papier et effectivement elle est universelle car adossée au réseau visa. Elle est acceptée auprès de 70 millions d’enseignes, des commerces de proximité et aussi de grandes enseignes en France et à l’international.
Par ailleurs, elle est solidaire, c’est le coeur du projet. Alors pourquoi elle est solidaire ? Parce qu’en fait, elle permet aux entreprises et aux salariés de soutenir de grandes causes à travers le don et ça permet de rentrer dans la démarche RSE, de donner plus de sens. Concrètement comment ça se passe ? L’entreprise va offrir une carte cadeau à ses salariés ou à ses clients et ces derniers vont pouvoir offrir tout ou partie du montant de la carte cadeau à des associations d’intérêt général où d’utilité publique. Notre objectif, c’est de flécher le milliard d’euros perdus chaque année en carte cadeau – c’est quand même assez colossal – vers les associations.
Carole Ferry : Merci pour votre pitch, alors comme chaque jour c’est Nathalie Carré qui regarde votre dossier qui va nous dire quelles sont ses forces et ses faiblesses !
Nathalie Carré : C’est vrai que les chèques cadeaux traditionnel ça prend de la place dans le portefeuille, donc on les met dans un placard et puis on les oublie ! et effectivement plus de 20% des chèques cadeaux ne sont jamais utilisés donc avec une application dans son téléphone on l’a toujours avec soi. Bravo pour ce côté dématérialisé qui limite aussi les coûts de fabrication et donc les impacts écologiques. Alors quelques suggestions : de plus en plus de cartes de titres restaurants proposent aussi les cartes cadeaux pour leurs salariés. Quel avantage proposez-vous ? Expliquez comment ça se passe aujourd’hui quand on n’utilise pas ses chèques cadeaux ? Les bénéficiaires perdent leurs cadeaux ça on le sait – mais qui perd également ? Donnez des explications pour convaincre de l’intérêt de votre solution.
Comment sélectionnez-vous les associations, est-ce qu’il y a une charte par exemple ? On sait que les Français préfèrent donner aux associations qu’ils connaissent. Est-ce qu’une entreprise pourrait donner aux associations gérées par ses collaborateurs ? Il y a pleins de patrons d’associations dans les entreprises, ça renforce les liens entre collègues. Faites des cas d’usage aussi pour montrer la facilité d’initialisation, le coût pour 100 cartes par exemple, la facilité de gestion des cartes, en fait ce ne sont pas des cartes mais des comptes : est-ce qu’on a un compte à vie que l’entreprise recharge ? Ou par les dons aux associations, comment ça fonctionne ?
Et puis enfin, vous insistez sur le côté solidaire et vous expliquez que les sommes non dépensées sont reversées aux associations. Or l’un des arguments de votre solution est qu’il y ait moins de montants non dépensés. Du coup en moyenne, combien reversez-vous à ces associations ? Bref, plus d’explications pour faire gagner du temps à toutes les entreprises qui pourraient être intéressées !
Tancrède du Réau : En fait, aujourd’hui effectivement on essaie de concilier le meilleur de la fintech, de l’expérience utilisateur au niveau de la carte cadeau et la solidarité. Vous l’avez dit, aujourd’hui il existe de plus en plus de cartes sous forme de titres resto, par exemple dématérialisés. Nous, ce qu’on propose, c’est cette même expérience mais à travers une carte cadeau qui peut aussi bien s’adapter en interne puisqu’elle répond à des besoins de récompense de salariés, mais aussi en externe. Sorewards peut être proposé aussi dans le cadre de fidélisation client, de challenges commerciaux. Aujourd’hui on a des clients qu’on accompagne notamment dans de la récompense externalisée. C’est à dire que c’est de la récompense qui est offerte à des personnes qui ne sont pas salariées. Pour répondre à votre à votre question nous on a revu le modèle économique complètement. On l’a remis à plat donc on ne se rémunère ni sur le non-consommé – qui représente 20% comme vous l’avez évoqué – ni sur la commission d’apporteur d’affaires auprès d’un réseau d’enseignes et de marques.
Carole Ferry : Alors vous vous financez comment ?
Tancrède du Réau : Bonne question nous on se finance auprès des entreprises et des comités d’entreprise clients, car on pense que c’est à eux de prendre le coût à leur charge et non pas de le répercuter sur les bénéficiaires des cartes-cadeaux ou sur le réseau d’acceptation.
Carole Ferry : Et dans l’utilisation les clients vont effectivement faire des dons ou dans des commerces de proximité ? Vous avez pu le constater ?
Tancrède du Réau : Tout à fait parce que – je ne sais pas si vous le voyez – mais le don est mis en avant, nous avons mis en place un partenariat avec une vingtaine d’associations. Il s’agit aussi bien de la solidarité internationale que des associations locales. On a vocation à développer ces partenariats. Je précise une chose c’est qu’on propose des associations mais on a aussi des entreprises clientes qui défendent déjà des causes – je pense que le Crédit Agricole défend des causes – elles sont proactives on a le cas d’une entreprise, un grand acteur de l’agroalimentaire qui nous a dit « moi je souhaite soutenir les Restos du coeur et je souhaite même abonder sur les dons opérés par les bénéficiaires des cartes cadeaux auprès de cette association ». Je voulais juste terminer en disant que les associations y voient clairement leur intérêt. En fait on devient un dispositif un peu au même titre que microDON, l’arrondi et ce qui est intéressant c’est qu’elles jouent le jeu dans la communication. Plus elles vont communiquer auprès des bénéficiaires des cartes cadeaux qui ont de l’argent entre leurs mains et plus on va transformer le don. Je vous rappelle il y a 2 façons de donner : soit c’est le bénéficiaire de la carte cadeau qui donne, soit c’est l’entreprise à travers le non consommé qui est reversé à l’association.
Carole Ferry : Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole, vous en pensez quoi ? C’est un peu un nouveau moyen de paiement que nous propose Tancrède du Réau ?
Philippe Brassac : C’est un régal d’écouter ça. On dit parfois que la finalité de l’entreprise c’est d’entreprendre et donc de participer au progrès matériel de la société par l’innovation. Souvent, on croit que c’est théorique. En fait c’est très concret ! Et les dirigeants de start-up comme ça partent toujours d’un usage nouveau pour la société. Le seul conseil que je peux donner, c’est que lorsque vous allez réussir, il y a des forces centrifuges qui vont vous éloigner de l’opérationnalité. Il faut vraiment rester collé à l’usage client, à votre utilité parce que l’utilité c’est la plus belle et la plus dure loi des marchés.
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